Ça serait mentir si Victoire disait que Noa ne lui avait pas manqué. Peu importe ce qu’elle faisait, elle avait l’impression de sentir sa présence tant les choses qu’ils avaient vécus ensembles étaient encore ancrées au plus profond de son être. Noa était sûrement la personne qui avait le plus marqué la vie de la française et qu’elle soit à Séoul ou Paris, son manque se faisait ressentir constamment. Personne n’avait réussit à le lui faire oublier, pas même ces quelques relations sans lendemains qu’elle avait pût avoir. Mais rien n’était aussi puissant que tout l’amour qu’elle avait pût ressentir pour lui et qu’elle avait reçut de sa part. Alors le revoir en personne était trop. Le trou béant qui rongeait son organe saignant jour après jour s’était effondré comme une étoile à neutrons et la tristesse intense qui s’émanait du garçon s’était visiblement faite aussi ressentir par la blondinette qui n’avait pas supporter croiser son regard. Elle avait passé dix minutes dans les toilettes à pleurer à chaudes larmes dans un coin, recroquevillée sur elle-même, le visage enfouit dans ses mains devenues moites tout à coup. Et sa tête était confuse, entre la tristesse, la douleur soudaine puis le questionnement de plusieurs personnes. Elle les entendait se demander ce qui pouvait bien lui prendre et encore une fois, les pensées négatives à son égard traversait son esprit. C’était douloureux d’être vu encore et toujours comme la meuf chelou de la bande mais c’était les seuls qui l’acceptaient approximativement comme elle était.

Après être sortit des toilettes et s’être passé un peu d’eau sur le visage en évitant de ruiner le peu de maquillage qu’elle avait sur elle, elle finit par réapparaître dans la salle de restauration sans pour autant voir le garçon à la place où il était quelques minutes plus tôt. Sourcil arqué, elle se rassoit à sa place sous l’afflux de questions concernant sa crise de larmes soudaine. Victoire demande alors de ne pas l’interroger là-dessus. La respiration qui haletait et le coeur qui se serrait encore et toujours, elle finit par voir le coréen refaire une apparition à son poste, complètement caché derrière une casquette et ses mèches de cheveux. Un soupir s’échappe de ses lippes alors qu’elle commence à entendre sa voix s’élever dans la salle. Elle savait que ça n’allait pas. Elle le connaissait par coeur, elle connaissait ses moindre changements d’humeur et elle savait que c’était à cause d’elle. Elle avait envie de prendre son sac et partir le plus vite de ce café mais elle avait promis de rester jusqu’à une certaine heure alors, elle se forçait tant bien que mal. Victoire restait assise à sa place un petit moment, les pensées de Noa qui fusaient dans sa tête comme des balles de tennis et alors qu’elle finit par entendre le surnom qu’il lui avait donné alors qu’ils étaient ensembles, elle manquait une nouvelle fois un battement de coeur mais se lève pour le confronter. Du moins… récupérer sa boisson.

Elle met quelques secondes à fouiller dans son sac avant de venir près du comptoir et regarder sa tasse. Tout le monde avait de super beaux motifs avec leurs mousses alors que ce n’était pas le cas pour elle. Claquage de langue contre le palais, elle laisse un soupir franchir ses lippes. « tu devrais mettre de la Biaphine dessus avant que ça n’empire. » qu’elle lui dit d’une petite voix en pointant son bras du bout de son index bien qu’elle n’osait toujours pas croiser son regard, de peur qu’elle croise ses yeux rougis ou qu’il voit les siens.

Leur relation avait été extrêmement forte. Ils étaient rapidement devenus fusionnels dans leur relation et ça leur avait sûrement beaucoup couté ; la chute n’en avait été que plus terrible encore. Difficile de se remettre d’une relation comme celle-ci, quand tu crois avoir trouvé l’amour de ta vie. Noa s’était littéralement pris un mur. Il s’était fait largué sans véritables explications. Et s’il respectait profondément Victoire il n’avait jamais réussi à comprendre et faire le deuil de cette relation avait été extrêmement difficile.

Ils avaient vécu ensemble et Noa avait été incapable de garder son appartement par la suite, tout en sachant qu’il avait vécu dedans toutes sortes de choses. Tout lui rappelait Victoire, et c’était juste insupportable. Il avait déménagé en même temps qu’elle était partie, pour un appartement plus petit et plus cosy. Il s’y sentait mieux, vide de toutes traces d’elle. Ca l’avait aidé à faire son deuil, petit à petit, alors qu’il s’était débarrassé de tout ce qui pouvait lui rappeler la jeune femme, avait rapporté toutes les affaires qu’elle avait laissé à ses parents une fois qu’il avait tout rassemblé. Il ferait un trajet, pas d’autres.

C’était elle qui avait choisi tout ça, pas lui.

Noa n’était que la victime des choix qu’elle avait fait et il n’avait jamais eu son mot à dire à n’importe quel moment et encore moins les clés pour comprendre pourquoi elle avait voulu se séparer de lui au final. La voir ici ravive de nombreux souvenirs douloureux et ça lui serre véritablement le coeur d’être ici.

Il détestait comment ils se connaissaient si bien maintenant ; à quel point c’était frustrant. Il ne pourrait certainement pas lui cacher le fait que sa venue l’avait véritablement atteint. Il ne voulait pas de sa gentillesse. C’était la dernière chose qu’il voulait. L’une des premières étant qu’elle s’en aille de ce café le plus rapidement possible et qu’elle ne fasse aucune réflexion en venant chercher sa boisson mais c’était vraisemblablement raté. Alors que la boisson de Vee est prête et annoncée, Noa repart préparer d’autres boissons en attente, histoire de ne pas avoir à la confronter. L’humain pensait qu’elle allait partir, mais non, elle reste planté à côté de lui, lui conseille de mettre de la Biaphine. C’est à son tour de soupirer et saisissant la bouteille de chantilly pour décorer la boisson qu’il est en train de préparer.

— J’ai déjà fait ce que je pouvais, je peux rien faire de plus.

Il murmure, il veut éviter que les clients entendent, ça ne ferait pas nécessairement bonne pub au Ishtar et il ne voulait pas causer cette peine à Dohuk pour qui il avait beaucoup de respect.
Une fois que la boisson est préparée, Noa appelle la cliente suivante qui vient récupérer sa boisson tout de suite après. Il continue ensuite ses boissons, pas réellement emballé à l’idée d’entretenir une quelconque conversation avec la rémanente.  

Victoire voyait et surtout sentait bien que Noa n’avait pas envie de lui accorder la moindre seconde de son temps. C’était comme si son esprit lui envoyait de nombreux signaux négatifs pour tenter de lui faire comprendre déguerpir le plus loin possible de là afin de pouvoir le laisser en paix et finir son job sans risquer de se cramer la main une nouvelle fois ou alors de finir par éclater en sanglots par sa faute. Elle n’était pas stupide et surtout, elle était directement branchée sur la radio « yang noa » à l’heure actuelle alors c’est encore une fois comme si elle lisait dans un livre ouvert. Ça avait toujours été comme ça entre eux mais malheureusement, pas mal de choses s’étaient brisées entre temps et la communication avait du mal à se refaire.

Soupir qui s’échappe de ses lèvres alors qu’elle l’entend maronner dans sa barbe, elle finit par claquer la langue contre son palais, regardant la cliente suivante venir récupérer sa boisson, et son attention finit par aller sur ses pensées à elle alors qu’elle la voit clairement sourire de façon espiègle et penser que le barista était tout à fait à son goût. La lanque qui se coince alors contre l’une de ses canines, Victoire lève les yeux au plafond avant de les rabaisser pour constater que le garçon ne bronchait toujours pas pour tenter de s’expliquer ou juste éviter que son bras de finisse en papier froissé.

Sa main vient alors tirer son sac pour farfouiller dedans. la française avait toujours une mini pharmacie dans ses affaires et en sortit un petit tube de crème. avec le timing parfait, elle attrape le poignet du garçon qui s’apprêter à attraper le syphon de chantilly, son regard le fixant, tentant de forcer un échange quelconque. — arrêtes de dire n’importe quoi, t’es encore plus têtu qu’avant… quelle lui dit avant de mettre un peu de crème sur son bras et l’étaler du bout des doigts qu’il le veuille ou non, elle le tenait quand même fermement. Et après avoir déglutit, elle finit par reprendre, la boule au ventre. — est-ce qu’on peut se parler toi et moi ? elle savait que ça serait difficile de le convaincre mais elle voulait vraiment s’excuser. — j’voudrais te dire quelques trucs que j’ai jamais osé te dire et j’pense que tu mérites de le savoir. et une fois qu’elle finit de le soigner, elle lui lâche le bras puis lui tend le tube de biaphine. — gardes ça et mets en deux à quatre fois par jour, ça devrait éviter que ta peau soit foutu un moment… c'est de ma faute après tout.