Une longue soirée en perspective pour Narcissa, elle n’était clairement pas en manque de staff dans son bar, au contraire celui-ci fonctionnait plutôt bien que la jeune femme pouvait se permettre d’embaucher des employés pour l’aider. Assise dans son bureau, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, la rémanente observait son bar grâce aux caméras de sécurité présentes. Une sorte de rituel si on pouvait appeler cela ainsi. Les mains croisées entre elles, c’était à peine si Narcissa montrait signe de respiration, parfois elle s’en voulait d’avoir ouvert un bar, les sources de problèmes étant bien trop grande ; comme ce soir là d’ailleurs, quand elle put observer deux hommes commencer à se battre. « Il ne manquait plus que ça à ma soirée vraiment. » La voix froide, les yeux sans aucune lueur même partielle, le cliquetis de ses talons alors que la jeune femme sortait de son bureau pour aller régler la situation. Si il y avait bien quelque chose que Narcissa refusait dans son bar c’était la violence.

Énervée ? Ce n’était pas forcément le terme approprié pour définir Narcissa sur le moment. Les humains et l’alcool, marmonnait elle dans sa barbe, alors qu’elle était enfin face aux deux hommes qui puaient l’alcool, l’odeur attaquait les narines de la coréenne, grimaçant, elle détestait devoir agir ainsi, comme une mère qui dispute un enfant. N’avaient-ils aucune conscience de la réalité ? À quel point ils salissaient leur image à se comporter ainsi et se faire taper sur les doigts. « Bonsoir messieurs. Je vois que l’alcool a été un peu trop… bu, le verre de trop sans aucun doute. La violence ne résout rien et pour le bien-être de mes autres clients je vous demanderais d’arrêter et de sortir avant que je ne doive appeler la police. » Bras croisées sur sa poitrine, Narcissa avait le regard sévère, les sourcils froncés, elle ne plaisantait juste pas avec la situation et attendait de les voir partir. Ce qu’elle n’avait pas vu venir ? La gifle d’un des clients, le visage de Narcissa sur le côté, elle ne put s’empêcher de rire à la situation surtout en écoutant les mots qui sortaient avec difficulté de la bouche de l’ivrogne. « Insolente, tu n’es qu’une femme. »

Elle fixait les deux hommes avant de jouer avec leurs esprits, de les contrôler pour les faire partir, ce qu’ils avaient fini par faire. Le Sapphire reprenant doucement son calme. Du sang coulait de sa narine, Narcissa n’était plus qui elle était durant sa jeunesse, ses forces n’étaient plus vraiment présente et elle faiblissait très rapidement dès qu’elle utilisait son pouvoir. Le seul avantage : la gifle qu’elle avait reçu donnait une raison quelque peu crédible pour expliquer le saignement.

Se rendant derrière le comptoir, Narcissa finit par prendre un torchon, essuyant le sang délicatement. Sa soirée semblait être sans fin et elle n’était pas au bout de ses surprises.

C'était bien plus épuisant qu'il ne le pensait. Rester toute la journée assit devant son ordinateur ne lui plaisait pas tant que ça, au contraire, lui était un homme qui adorait bouger. Seulement son travail en lui-même lui plaisait beaucoup et le fait de pouvoir rester en Corée près de ses proches lui faisait un bien fou. Même s'il était encore jeune, Si Wan voulait simplement se poser et enfin commencer à vivre. Fini les voyages à l'autre bout du monde. La page s'était difficilement tournée et il ne voulait plus y penser. Durant de longues années il n'avait qu'elle en tête et sa vie en avait pris un coup. Ça lui faisait beaucoup de bien de l'enlever de sa tête.

Alors qu'il parlait tranquillement à son collègue, les brouhaha se faisait de plus en plus fort et ce n'est qu'en regardant derrière son épaule qu'il soupira en voyant ces deux hommes se battre. Ce qu'il avait horreur des bagarres, encore plus lorsqu'il se retrouvait à côté. Si la gérante du bar n'était pas intervenue, il l'aurait sûrement fait. Son sang n'avait fait qu'un tour en entendant le bruit du claquement de la main d'un d'entre eux sur la joue de la jeune femme. Il s'était d'ailleurs levé de sa chaise avant près à en découdre avant de s'arrêter net. Si Wan n'en croyait pas ses yeux. C'était impossible. Sur le coup il avait juste l'impression de rêver. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas vu, elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois pourtant il savait. Il savait que c'était elle. Et il en était encore plus sûr après que les malotrus soient partis. S'excusant auprès de son ami, il s'éclipsa pour la rejoindre au bar. «T'es restée bien calme je trouve. » D'après ce qu'on lui avait dit d'elle ce n'était pas son genre d'être aussi clémente. Ce serait-elle adoucie avec le temps ? «Je t'ai longtemps cherché, jamais je n'aurais cru tomber sur toi ici, pas aussi proche de moi. » Trop de questions se bousculaient à l'intérieur de sa tête. Son cœur était tout chamboulé, tout refaisait surface alors qu'il lui avait fallu beaucoup de temps pour s'y faire.

Narcissa avait déjà subit de pire coup que cette gifle qu’elle avait reçu de la part de l’inconnu, s’en était presque ridicule, pensait-il réellement qu’elle avait mal, qu’il avait touché son ego ? Elle se fichait de tout ça, après tout ce qu’elle avait subit dans sa jeunesse, de la part de sa famille, rien ne serait jamais pire que cette période, son corps ayant encore les traces de son passage en Grèce. Elle aurait pu faire pire que de manipuler l’esprit de cet insolent, peut-être qu’elle aurait dû, ils méritaient de souffrir, mais tout les clients du bar l’empêchait de réellement faire quoi que ce soit.

Elle essuyait délicatement le sang de sa narine, la douleur était moindre en soit, mais le sang coulait plus que nécessaire surtout pour « une simple gifle » heureusement que tout le monde était en train de reprendre le cours de sa vie, laissant Narcissa en paix, tout sauf une personne apparemment. La coréenne observait son propre reflet dans le retour de l’appareil photo de son téléphone, sa joue était en train de rosir, heureusement que ce n’était rien d’autre, rien de grave, autrement Kain l’aurait vraiment mal vécu. Elle finit par balancer une de ses mèches de cheveux derrière son épaule, les boucles rebondissant à chacun de ses mouvements. Un des employés déposait doucement une poche de glaçons devant Narcissa, ne voulant rien imposer à la gérante. Un léger sourire vers l’employé, alors qu’elle posait la poche sur sa joue, demain elle n’aurait aucune trace de l’accro, parfait.

Une voix qui lui semblait familière s’adressait à la jeune femme… Tutoiement, les gens semblaient de plus en plus à l’aise, un peu trop même au goût de Narcissa. La poche toujours sur sa joue, elle observait son interlocuteur, les traits de son visage ne lui disait rien à première vue. « Je ne peux pas foutre en l’air mon business pour deux abrutis de service. Je n’ai pas besoin de mauvaises pub en ce moment. » Elle n’avait aucune dureté dans sa voix, mais elle restait très sérieuse, paressant presque froide. Narcissa n’avait même pas fait de commentaire sur la façon de communiquer de l’inconnu.

Elle l’écoutait, un sourire presque moqueur sur son visage. « Est-ce une blague de mauvais goût ? Un défi donné par la personne avec qui vous étiez précédemment ? Me chercher ? Je ne comprends pas trop le but de ce que vous dites ? Peut-être que l’autre abruti vous a frappé sans que je ne le vois. Vous avez du perdre l’esprit ou me confondre avec quelqu’un d’autre car nous ne nous connaissons absolument pas. » Sa langue claquant sur son palais, la poche de glaçons lâché violemment sur le comptoir. Elle n’aimait pas les blagues en général, mais elle trouvait celle-ci presque malsaine. Narcissa finit par s’asseoir au bar, se servant un verre pour sa propre personne. L’alcool touchant délicatement ses lèvres pulpeuses alors qu’elle prenait une gorgée. Après tout, elle en avait marre de sa soirée, longue, chiante et violente, pour une fois, elle s’autorisait à ‘finir plus tôt et profiter d’un verre bien mérité’.

Ca ne pouvait être que le destin. Si SiWan avait refusé de sortir avec son collègue, il ne serait jamais venu ici et il ne l'aurait jamais recroisé. Finalement il avait bien fait. Jamais il n'aurait cru tomber sur elle dans un lieu comme celui-ci, encore moins en être la propriétaire. "Ça va ton nez ?" Il avait toujours été curieux de son pouvoir et de ce qu'elle pouvait en faire. Cela pouvait paraître étrange, surtout pour elle, mais il ne pouvait pas s'empêcher de faire comme s'il l'avait hier.

Ça ne l'étonnait pas, après tout cela faisait bien trop longtemps qu'elle ne l'avait pas vu et Si Wan avait bien grandi depuis. C'était devenu un homme, différent de l'adolescent qu'elle avait connu. Par chance lui avait pu voir à quoi elle ressemblait une fois adulte et il ne pouvait pas cacher qu'il la trouvait magnifique. Son regard ne pouvait plus se détacher d'elle. « Ce n'est pas une blague, je suis sérieux Narcissa. » L'espace d'un instant l'hypothèse que ce ne soit pas elle lui avait traversé l'esprit. Seulement elle s'était vite envolée. Son cœur ne s'emballerait pas autant pour une personne qu'il ne connaissait pas. Glissant sa main derrière sa nuque, il réfléchissait un instant. Il ne trouvait pas les mots, ni comment faire en sorte qu'elle se souvienne de lui « Si je te dis, Londre 2009 ? Ça te rappelle quelque chose ? » Ils avaient quand même vécu certaines choses, qui pour lui, ne pouvait pas être oublié d'un claquement de doigt. Ca l'attristerait de voir qu'elle l'avait complètement oublié. « T'es partie du jour au lendemain sans prévenir. Tu as tellement changé depuis la dernière fois. » S'appuyant contre le bar, il continua de l'observer, légèrement pensif. Même après tout ce qu'elle avait fait qui ne lui plaisait vraiment pas, il ne pouvait pas lui en vouloir ou voir le mal en elle. Au plus profond de lui il savait très bien quel genre de femme Narcissa était.

Narcissa était une femme forte, il le savait. Elle n'était pas du genre à montrer ses faiblesses aux autres. Ce n'était qu'un saignement de nez qu'elle disait et jusqu'à là il ne pouvait que la croire. Après tout, elle ne montrait aucun autre signe qui pourrait l'alarmer davantage. Surtout qu'elle n'avait pas l'air d'être allée trop loin en utilisant son pouvoir. Si Wan ne s'inquiétait pas trop pour ça. Elle était loin d'être faible. Du moins dans ses souvenirs.

« Je- Non. Je sais réellement qui tu es, ton histoire, tout. » Est-ce qu'il pouvait lui en vouloir ? Bien évidemment que non. Qui sait comment lui aurait réagi si une personne qu'il ne connaissait pas entrait dans sa vie pour lui dire tout cela. Même s'il pouvait être naïf, il aurait sûrement eu la même réaction qu'elle. Pourtant, Si Wan ne pouvait pas s'arrêter là. « Si Wan. Ce n'est pas grave si tu ne te souviens pas. Ça reviendra sûrement avec le temps. » Il l'espérait du plus profond de son cœur. Il se fichait de ce qu'il pouvait se passer entre eux, il voulait simplement qu'elle se souvienne de lui.
Son sourire s'effaçait peu à peu, laissant la tristesse prendre le dessus. Ce qu'il était parfois bête. L'excitation de la revoir l'avait envahie et il avait foncé tête baissée sans réfléchir. Il était déjà chanceux qu'elle ne l'ait pas virée à coup de pied dans le cul de son bar. Glissant sa main derrière sa nuque, il se contenta de relever les yeux vers elle, lui répondant simplement par un petit sourire. Que pouvait-il faire de plus ? Rien.

Sans qu'il n'est eu le temps de faire quoique ce soit, son corps s'était jeté sur Narcissa pour la rattraper alors qu'elle était sur le point de chuter. Sursautant en sentant sa main claquer son fessier. Et sans qu'elle ne dise quelque chose, le rémanent avait pris l'initiative de la ramener dans son bureau. Loin du regard des autres. « Tu es sûr que tout va bien ? » Ce n'était plus qu'un simple saignement de nez. Il s'était trompé. Elle était plus faible qu'il ne le pensait.

C’était comme si tout se passait trop vite pour la coréenne, elle qui aimait avoir le contrôle sur tout les aspects de sa vie, ce soir elle n’en avait juste plus aucun. Elle n’était pas terrifiée de ce qui se passait au moment même, bien trop habituée à tout ça, au contraire, elle cachait les apparences derrière son sourire parfait comme elle l’a toujours fait. Mais elle écoutait Si Wan, presque choquée de ce qu’elle entendait… Connaissait-il réellement son histoire, se connaissaient-ils vraiment ? Tellement de questions et de doutes sur l’homme en face d’elle. Le prénom résonnait étrangement dans son esprit, comme si elle était habituée à le dire, mais elle ne comprenait même pas pourquoi. « Partons du principe que vous connaissez, avions-nous quelque chose de positif ou négatif ? »

Si il l’a connaissait vraiment ; il pourrait surement répondre aux questions de Narcissa, potentiellement lui redonner quelques souvenirs de sa vie qu’elle avait oublié, même si elle ne le montrait pas, elle était quelque peu énervée de l’avoir apparemment oublié, elle détestait quand cela arrivait et se sentait presque coupable de tout ça. Partir, s’enfuir de cette situation dont elle n’avait aucun contrôle, aussi poliment que possible elle finit par dire au revoir. Se lever, chuter, se rattraper au pire endroit possible. C’était donc ça la vie de Narcissa, il n’y avait rien qui allait dans son sens.

Elle était surprise de le voir agir ainsi, sa réaction montrait que d’une certaine façon il s’inquiétait, un léger regard sur Si Wan alors qu’il semblait s’inquiéter sincèrement. Elle se laissait embarquer par le coréen, n’ayant aucune force pour le repousser, au contraire, Narcissa s’appuyait même sur lui pour marcher, elle n’avait pas réellement de soucis pour se déplacer malgré la taille de ses talons, l’unique soucis était de garder son équilibre. « Si c’est de Londres que l’on se connait, vous pouvez oublier celle que j’ai été, elle n’existe plus,  je suis faible, très faible, plus que ce que je laisse croire. » La porte du bureau de Narcissa était devant eux, sans réfléchir plus, elle finit par ouvrir le laissant également entrer. La coréenne finit par se laisser glisser dans le canapé de son bureau, sans rien dire à Si Wan, il pouvait faire ce qu’il voulait ça lui importait peu. Son nez commençait enfin à arrêter de saigner, un soupir de soulagement s’échappant d’entre ses lèvres. Ses paupières se ferment, réalisant ce qu’il s’était passé et que le coréen l’avait probablement sauvé d’un bordel sans nom. « J’aimerais que tout ailles bien, mais mon corps lâche prise après que je l’ai poussé à bout. C’est entièrement ma faute et je ne peux qu’assumer cela. » Les yeux à nouveau ouvert, elle finit par les poser sur Si Wan. Elle avait presque envie de se rapprocher de lui, toucher son visage, essayer de se rappeler de lui mais elle ne faisait rien. Narcissa l’observait.

Etrangement cette situation devenait de plus en plus bizarre. Si Wan savait très bien qu'il ne devait pas empiéter dans la vie d'autrui, seulement revoir Narcissa après tant d'années l'avait complètement chamboulée. Il était un peu trop rentre-dedans. La pauvre Narcissa ne devait rien comprendre à cette histoire. « Positif ! J'étais un peu comme un grand frère, je t'ai beaucoup aidé avec ton pouvoir. J'étais une sorte de confident aussi. » Cette époque-là lui manquait terriblement. Après son départ, même s'ils étaient restés en contact quelque temps, son absence était pesante. « Mais tu es partie et jusqu'à aujourd'hui je ne t'avais jamais revue en face à face. » Du moins pas qu'il s'en souvienne. Il n'aimait pas imaginer le fait d'avoir été près d'elle sans le savoir.

Quand bien même Si Wan était proche d'elle, il ne connaissait pas non plus toute l'histoire. Certaines questions risqueraient de ne jamais avoir de réponse. Il pouvait simplement l'aider à se souvenir de lui, d'eux, des bons moments passés ensemble. « Je suis désolé, je réalise que c'est vraiment étrange de revenir comme ça. » S'excusant de nouveau, il eut à peine le temps de la rattraper et de l'emmener.
Jamais il n'aurait pensé que les choses tourneraient ainsi, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il voulait retrouver la Narcissa d'avant, celle qu'il avait autrefois aimée. « A ce point ? » C'était plus grave qu'il ne le croyait. Sur le coup, il pensait que cela n'était que temporaire, mais apparemment c'était bien plus fréquent. Le jeune homme ne savait plus vraiment quoi faire, il resta simplement debout face à elle les bras le long du corps. Une partie de lui, lui disait de partir en courant pour reprendre ses esprits. « Si tout est terminé, alors tu n'as plus besoin de t'en servir. » Après tout, ils pouvaient très bien vivre comme les autres humains sans pouvoir.

Elle ne savait pas trop où se placer sur le point de vue émotionnel avec Siwan, il y avait tellement d’informations à analyser et comprendre qu’elle se sentait presque perdue avec tout ce qu’il disait. Narcissa plaçait une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant de froncer les sourcils, elle ne portait pas vraiment attention à son expression faciale, essayant simplement de comprendre, de replacer chaque pièce du puzzle pour que ce qu’il dise soit sensé. La jeune femme avait beau réfléchir, elle ne voyait qu’une période flou de sa vie, des flashs de personnes dont elle ne connaissait pas le nom ou bien qu’elle avait simplement oublié lui revenait à l’esprit. Elle restait quand même surprise de l’entendre dire tout ça. Était-ce vraiment le cas ? Pendant tout ce temps elle s’était pensé seule durant sa jeunesse mais au final, ce n’était peut-être pas la vérité. « Vraiment ? Nous étions vraiment proches ? C’est étrange de se dire que potentiellement je n’étais pas seule, que j’avais quelqu’un à mes côtés. Rien que là, le simple fait de le dire à voix haute… Je trouve ça.. Surréaliste. »

Il l’avait rattrapé, ce fut comme un choc pour Narcissa, ce touché, cette chaleur qui semblait irradier de leurs corps comme si ils s’étaient toujours connus, comme si ils se retrouvaient enfin… Il y avait quelque chose qui semblait familier, comme un toucher du passé. Elle s’était installée. Ses yeux se posaient sur Siwan. Elle pouvait presque ressentir la peine dans sa voix. Un simple hochement de tête pour répondre à la question du jeune homme, que pouvait-elle dire de toute façon, la vérité ? Mais elle-même ne savait pas la vérité, elle ne savait plus.

Un léger rire, tout terminé… Pas du tout, loin de là même. Narcissa s’était levée pour aller à son bureau, sortant un carnet du tiroir avant de le montrer à Siwan. Un listing énorme de noms était noté sur les pages du carnet, chaque nom était barré soigneusement par Narcissa à l’exception des quatre derniers. « Quand ils seront barrés, j’aurais enfin fini. J’aurais vengé mes parents. » La jeune femme restait à côté de Siwan, un certain sentiment de protection se dégageait de lui et étrangement elle ne voulait pas abandonner ça. « Après je ne vis pas seule en réalité, donc on s’occupe de moi. » Elle finit par se mordre la lèvre réalisant ce qu’elle venait de dire et à quel point ça pouvait porter à confusion. « J’ai adopté Kain qui était aussi seul que moi à une certaine période. On est devenu une famille, mais pour le moment je ne peux pas m’arrêter pas quand j’arrive à bout. Ça paraît stupide vu ainsi… »

Ce n'était pas si surréaliste que ça. Il n'y avait pas que lui, ses parents aussi appréciaient la jeune fille de l'époque. Moins maintenant, mais il ne pouvait pas leur en vouloir. Elle avait grandement changé depuis la dernière fois. « Et pourtant. On est de nouveau réunis. Ton "j'avais" peut redevenir un "j'ai". » Il n'allait pas la quitter de sitôt. Encore moins maintenant.

Quatre noms. Il préférait voir le verre à moitié plein et se dire que tout était bientôt terminé.
De toute façon, il n'avait pas réellement le choix. Si Wan était rassuré de savoir qu'il y avait quelqu'un dans sa vie pour prendre soin d'elle. Peu importe qui, tant que c'était une bonne personne. Et la précision de Narcissa le faisait sourire. « Même si je resterais contre, je ne pourrais jamais t'empêcher de faire ce que tu as à faire.  » C'était déjà le cas avant, seulement il n'avait pas envie de la perdre une seconde fois. Il allait simplement faire comme s'il ne savait rien. Pour une fois il allait mettre ça de côté. «Tu devrais rentrer pour te reposer. Mais promet moi de ne pas en abuser par la suite." C'est tout ce qu'il voulait. Qu'elle retrouve une vie normale, qu'elle puisse enfin se poser et vivre. « Tiens. Comme ça, si tu as besoin de quelque chose, ou juste quand l'envie te prend. » Sortant une carte de visite de sa poche, il la déposa sur son bureau après avoir écrit son numéro personnel au dos. Narcissa pouvait l'appeler pour tout et rien, à n'importe quelle heure. « Mon collègue se demande sûrement où je suis passé. » Tout s'était passé vite. Il ne savait pas depuis combien de temps il l'avait quitté. Si ça se trouve il était déjà parti.